Comment gérer les typologies difficiles de participants dans un groupe ?
Il faut se souvenir que les éléments atypiques ne représentent que 5% du système qui les englobe, et qu’un besoin de reconnaissance exacerbé peut être à l’origine de conflits de communication en stage. Qu’il s’agisse d’une réunion ou d’un stage de formation pour adultes, l’animateur peut parfois être confronté à des participants difficiles. Il est important qu’il puisse les identifier rapidement, de manière à ne pas se laisser piéger par une démarche comportementale sclérosante.
Des statistiques appliquées au système social
Un groupe de personnes constitue un formidable terrain d’expérimentation dans lequel chacun peut tester son comportement social. Certains sont bâtisseurs, d’autres sont modérés, quelques-uns sont destructeurs. Selon la loi de Gauss, statistiquement, on trouvera dans chaque groupe 95% de personnes qui fonctionneront de façon qualifiée de « normale », et 5% qui présenteront un comportement atypique.
Mais ce sont ces 5% -qui, toujours statistiquement, peuvent être absents d’un groupe donné- qui épuiseront l’énergie de l’animateur, s’il n’y fait préalablement attention. Or, il faut garder à l’esprit que son investissement pédagogique doit être orienté vers les 95% de participants qui fonctionnent normalement.
Comprendre l’origine du fonctionnement d’une typologie, grâce à la Pyramide de Maslow
Ce qu’on appelle « typologie » d’un individu correspond à un classement des comportements particuliers.
Ces comportements atypiques sont tous liés à un besoin exacerbé de reconnaissance par l’autre (quatrième strate de la Pyramide de Maslow). En l’occurrence, « l’autre » sera représenté, soit par l’animateur, soit par le groupe de participants.
Il est nécessaire que l’animateur comprenne qu’il ne pourra que « calmer le jeu », gagner un peu de temps, mais qu’une typologie de participant n’est pas gérable en soi, car il s’agit d’un excès pathologique du besoin de reconnaissance.
Les typologies qui ont besoin de la reconnaissance de l’animateur
L’animateur représente à la fois le savoir et le pouvoir, et il est le garant du système instauré dans la formation ou la réunion. Ainsi, tout comme un adolescent s’opposera à ses parents pour forger son identité, trois typologies adopteront ce mode de fonctionnement, en opposition au formateur, pour mieux être reconnus par lui.
Il connait ou croit connaitre le sujet mieux que l’animateur, et monopolise la parole sur des points de détail.Le « spécialiste » a besoin de la reconnaissance de l’animateur au niveau du savoir.
Il justifie ses interventions en prenant pour exemple des articles de journaux spécialisés, des livres d’auteurs réputés qui ont traité le sujet abordé par l’animateur, des émissions télévisées qui passent tard dans la nuit, de façon à ne pas être contredit.
Il existe deux manières de calmer un « spécialiste ».
1. Avec l’accord du groupe, demandez-lui de façon impromptue de prendre en charge l’animation sur un point précis, durant un temps très limité, de façon à pouvoir reprendre la main ensuite.
2. Demandez-lui de noter ses remarques et questions -fort intéressantes- sur un papier, en lui précisant que vous réserverez dix minutes pour y répondre, et faites en sorte que ce moment tombe juste avant une pause ou à l’heure du déjeuner. La gestion par le groupe sera alors garantie, illustrant ainsi le principe du triangle de Karpman.
Le « contre-leader » s’oppose à la personnalité même de l’animateur, pour être reconnu par lui comme quelqu’un ayant au-moins autant de pouvoir.
Il s’agit d’une personne plutôt solitaire, qui se mêle peu au groupe, et observe beaucoup.
Si la salle est quasiment vide lorsqu’il y entre, le contre-leader choisira l’une des places située face à l’animateur. Il sera silencieux au départ, reculé dans sa chaise, attendant le moment propice pour -ce qu’on appelle dans le jargon pédagogique- « casser du formateur ».
Il s’agit d’un individu qui s’engage personnellement. Ses phrases débutent par « je » ou par « vous », et sont glaciales, par exemple : « Je trouve que vous vous y prenez très mal pour gérer ce groupe« , ou encore : « Vous êtes animateur depuis longtemps ?« .
L’animateur ne devra jamais se poser en rival du contre-leader. La meilleure solution consiste à le regarder en silence en secouant légèrement la tête, d’un air navré, et en soupirant, comme lorsqu’on est face à un enfant duquel on n’attend plus grand’ chose de constructif, puis à poursuivre de suite l’animation de façon enjouée avec les autres participants.
Le contre-leader sera vexé, n’ayant pas obtenu l’opposition qu’il espérait, et s’abstiendra désormais, peut être après une seconde tentative un peu plus tard. Il est possible qu’il profite d’une pause pour s’éclipser de cette réunion si peu excitante.
Le « contradicteur« , à défaut de s’opposer à l’animateur, critique le système et l’organisation desquels ce dernier est garant.
Il multiplie les objections : « Ca ne marchera pas« , « Ca ne sert à rien« , « C’est mal organisé« , « On ne comprend rien« , etc.
Le contradicteur est facilement repérable, car il ne s’engage pas personnellement. Ses phrases débutent par « ça » ou « on ». Il estime que les structures dans lesquelles il évolue sont mal faites, et il cherche à attirer l’intérêt de l’animateur en critiquant le système.
Il suffit d’utiliser quelques techniques verbales simples , issues de la Programmation Neuro-Linguistique.
Si cela ne suffit pas, et si le groupe ne prend pas la relève en gérant spontanément ce râleur de service, il suffira à l’animateur de décréter au contradicteur : « Oui, tu as tout à fait raison« , de détourner immédiatement son regard, et de poursuivre avec les autres membres du groupe, lesquels éclateront de rire au détriment de « l’empêcheur de tourner en rond ».
Sept autres typologies sont abordées dans l’article Comment gérer les personnes difficiles en groupe : deux qui recherchent la reconnaissance de l’animateur, quatre qui recherchent la reconnaissance du groupe, et une qui ne recherche rien !
Source des illustrations : « Monsieur-Madame » de Charles-Roger Hargreaves.
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