Triangle de Karpman en gestion de groupe

Pour gérer les difficultés relationnelles à l’intérieur d’un groupe d’adultes en formation ou en réunion, il est utile de se souvenir du triangle de Karpman avant d’user d’autres techniques de régulation de groupe.

Trois principes sont à retenir absolument.

  • -1- Premier principe : on ne régule un participant difficile que s’il gêne le groupe.

Par exemple, un stagiaire qui réalise des petits dessins sur sa feuille ne gêne pas les autres participants. En revanche, son attitude est susceptible de déranger le formateur.

Il faut néanmoins se souvenir qu’un stagiaire qui semble occupé à une tâche quelconque peut très bien écouter l’intervenant de manière active.

A l’inverse, les résurgences de la petite école amènent les stagiaires à regarder fixement le formateur, comme preuve incontestable d’écoute. En réalité, ils peuvent penser à toute autre chose : à un rendez-vous chez le dentiste, à un enfant souffrant, à leur pelouse qui attend d’être tondue, etc.

Il suffira au formateur de scruter les pupilles des participants qui le regardent pour vérifier leur niveau de perception. Si leurs yeux brillent et pétillent, ils sont à priori en éveil. S’il apparaît au formateur qu’il a devant lui plusieurs paires « d’yeux de poissons morts », il peut en déduire que ces stagiaires ne font que semblant de l’écouter.

Par conséquent, il faut se dire que le stagiaire qui dessine est peut être plus attentif que ceux qui font mine d’être concentrés.

  • -2- Second principe : datant de 1968, issu de l’analyse transactionnelle, il concerne le triangle dramatique (un persécuteur, une victime, un sauveur) selon le Psychologue américain Stephen Karpman, qui suppose l’existence d’une auto-régulation dans le groupe.

Le phénomène d’auto-gestion entre plusieurs stagiaires est similaire à celui qui peut exister entre trois personnes qui discutent, par exemple au cours d’une soirée. Lorsque deux avis divergent fortement (le persécuteur et la victime), le troisième personnage (le sauveur) dispose d’une alternative : prendre parti pour l’un ou pour l’autre, ou s’abstenir d’intervenir.

Ainsi, un stagiaire « victime » qui dessine en ne gênant personne, et dont le comportement serait sermonné par un formateur « persécuteur », verrait le groupe -ou au minimum un autre stagiaire- s’interposer en « sauveur ».

La mise en oeuvre de cette dynamique n’est pas systématique, car elle dépend de la personnalité et des valeurs véhiculées par chacun. Néanmoins, le formateur veillera à s’abstenir d’intervenir trop rapidement lors d’un comportement atypique de stagiaire, de façon à laisser le temps au sauveur éventuel d’émerger.

  • -3- Troisième principe : la résistance aux changements est normale, notamment en apprentissage.

La formation est en effet un processus qui réclame d’accepter d’être « dé-formé » de ses habitudes avant d’être « formé ». Et ce déséquilibre suscite souvent bien des craintes chez l’apprenant.

Toute personne qui se forme se situe dans l’une des quatre phases d’apprentissage suivantes, en fonction de son niveau de départ :

  1. L’incompétence inconsciente : « Je ne sais pas que je ne ne sais pas ». La matière abordée est totalement inconnue du stagiaire, qui ignorait jusqu’à l’existence des contenus enseignés.
  2. L’incompétence consciente : « Je sais que je ne sais pas ». Le stagiaire connait la nature de ses lacunes et souhaite y remédier.
  3. La compétence consciente : « Je sais que je sais ». Le stagiaire vient d’être diplômé, et pense ainsi tout connaître, alors qu’il n’en est qu’aux prémisses.
  4. La compétence inconsciente : « Je ne sais plus que je sais ». Le stagiaire possède une longue expérience pratique, relative au sujet enseigné, mais n’est plus en mesure de décomposer son action, ne serait-ce que pour l’expliquer, tant les automatismes ont pris le pas sur les bases pédagogiques. Il est probable que de « mauvaises » habitudes se sont installées.

Les stagiaires qui se situent dans l’une des deux phases d’incompétence sont en général de bonne composition.

Les stagiaires qui se situent dans l’une des deux phases de compétence devront être gérés avec doigté par le formateur.

En conclusion, rappelons que le formateur est garant du respect de la forme, alors que le fond est amené autant par les participants que par l’intervenant. L’expression des personnalités individuelles est donc normale et souhaitable, à partir du moment où elle participe à la construction et à l’évolution du groupe.

Un formateur qui tenterait de brider cette expression serait bien inspiré d’analyser ses propres difficultés au regard de l’autorité.

Tous droits réservés Dominique Dancoisne. Demandez l’autorisation de l’auteur avant toute reproduction sur Internet ou dans la presse traditionnelle.

 

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