Le groupe est un accélérateur d’apprentissage, et repose sur trois composantes de base : identité, énergie, but commun.
Le formateur a la responsabilité de favoriser la mise en oeuvre de ce socle, en considérant d’emblée que le groupe qui est devant lui a la faculté d’y parvenir.
Les groupes dits « restreints » se composent de 7 à 16 membres, condition de base pour permettre que chaque stagiaire puisse connaitre tous les membres du groupe et établir éventuellement une relation personnelle avec chacun d’entre eux.
Trois paramètres permanents sont indispensables à l’existence du groupe restreint.
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-1- L’identité groupale débute par des présentations individuelles soignées
Un groupe restreint se compose, en début de formation, de différents individus qui vont apprendre à se connaitre, notamment au cours de la phase d’ouverture de stage, et établir des relations entre eux, dans le contexte de l’apprentissage, ou lors des pauses. Tout groupe possède une composition bien définie, et acquiert donc une identité précise.
Il se peut qu’un nouveau membre intègre le groupe, par exemple après le déjeuner du premier jour de stage. Or, les autres stagiaires ayant déjà posé les bases de leurs relations, il leur faudra tenir compte du nouvel arrivant, et remettre en question leur identité de groupe initiale. L’acceptation du membre supplémentaire sera plus facile si celui-ci cherche à s’intégrer aux autres, et non à bouleverser l’équilibre existant en s’imposant.
De même, si un stagiaire quitte le groupe, à partir de la seconde journée (car il faut qu’il ait eu le temps de faire connaissance avec les autres), son départ sera différemment ressenti par les autres selon son degré de participation lors du premier jour. L’identité du groupe sera perturbée dans le cas d’un départ plus tardif (par exemple, au bout de trois semaines d’un stage durant trois mois). L’image qu’on pourrait alors en avoir est celle d’un corps mutilé : en effet, s’il manque un membre à un individu, celui-ci « ressentira » son absence. S’il manque un membre au groupe, celui-ci en aura le souvenir.
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-2- L’énergie à privilégier est celle de la cohésion, qui optimisera le résultat
Un groupe restreint consomme de l’énergie essentiellement à double niveau :
- Au plan relationnel : c’est l’énergie de cohésion.
- Au plan du travail fourni : c’est l’énergie de production.
Il est indispensable que le formateur soit attentif à la qualité des relations instaurées entre les stagiaires, car une mauvaise cohésion de groupe, un manque de civisme et de solidarité, entraîneront un niveau de performance insatisfaisant, inférieur à ce qu’il aurait été s’il avait été porté par un bon esprit d’équipe.
L’attitude du formateur est primordiale : il ne décide pas des relations des stagiaires entre eux, mais il a manifestement un impact sur l’idée qu’ils peuvent en avoir. Avec l’expérience, il n’hésitera pas à leur dire, dès que possible : « J’attends que vous donniez le meilleur de vous-même. Plus vous formerez une équipe soudée, et meilleurs seront vos résultats individuels, parce que vous aurez mis votre énergie en commun vers le même but« . L’avantage de demander aux stagiaires « le meilleur d’eux-mêmes » permet à chacun de positionner le curseur là où il le souhaite. Il n’y a plus d’objectifs qui paraissent inatteignables, mais chacun cherchera néanmoins à se dépasser, à faire mieux qu’habituellement.
En responsabilisant de cette sorte les apprenants, les résultats sont bien meilleurs, quelle que soit la matière enseignée, car le formateur utilise positivement l’effet Pygmalion, qui correspond à l’expression des attentes du formateur vis-à-vis des stagiaires. Et si ces attentes sont mitigées, le résultat le sera aussi.
L’effet de Halo, quant à lui, est relatif à la première image qu’on perçoit de quelqu’un (comme le halo de lumière qui constitue ce qui émane d’une ampoule allumée). Le formateur est toujours un exemple (de préférence à suivre !) pour les stagiaires, même adultes.
Ainsi, au niveau du comportement, si le formateur respecte les stagiaires, ceux-ci seront davantage incités à respecter les autres en retour, ce qui aura un impact positif sur l’énergie de cohésion.
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-3- Le but commun doit être expliqué par le formateur, et décomposé en étapes et en objectifs
Pour que s’instaure une synergie dans le groupe, il faut que l’énergie de ses membres soit mise en commun vers le même but.
Ainsi, des personnes qui seraient présentes sous un abribus ont-elles un but commun ? La réponse est négative. Certaines attendent le bus, d’autres se protègent de la pluie, ou s’informent sur les horaires, ou attendent quelqu’un, ou se reposent un peu sur un siège avant de repartir à pied. Et quand bien même toutes ces personnes prendraient le bus, leurs destinations respectives seraient différentes.
De même, au plan pédagogique, des étudiants présents en amphithéâtre ont des buts individuels, mais pas de but commun. Ils sont réunis en un même endroit pour écouter un professeur, mais ils ne peuvent faire émerger un objectif collectif.
La notion de but commun implique la solidarité et l’entraide parmi les membres du groupe, associées à une dépense d’énergie, afin d’obtenir un résultat bien identifié et stable dans le temps. Ce but final sera découpé en étapes, associées à des objectifs précis.
En conclusion, le formateur ne pourrait se contenter d’attendre que ces trois paramètres du groupe restreint se mettent spontanément en place. Il la responsabilité d’initier les actions favorisant leur mise en place et leur continuité tout au long du stage. Et comme l’exprime l’adage : « On récolte ce qu’on sème ! »
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